400 000 entreprises françaises devront, dans les dix prochaines années, être reprises, tandis que 25 % des dirigeant·es ont plus de 60 ans. Or, chaque année, 40 % des dirigeant·es de PME qui souhaitent céder ou transmettre leur entreprise ne trouvent pas de repreneur. Disparition des compétences, des emplois et des savoir-faire, risque de prédation et de délocalisation… face à ces menaces, le modèle coopératif offre pourtant une solution de transmission d’entreprise saine et pérenne aux salarié·es, répondant ainsi aux enjeux majeurs de demain. En 2023, 20 % des entreprises coopératives de l’ensemble du réseau des Scop et Scic Auvergne-Rhône-Alpes étaient issues de transmissions saines d’entreprises.
Une solution bénéfique pour les salarié·es… comme pour l’entreprise et son territoire !
Avec un taux de pérennité à 5 ans de 79 % en 2023, contre 61 % pour l’ensemble des entreprises françaises (source INSEE), les entreprises coopératives démontrent clairement la fiabilité de leur modèle. Le cas de la transmission d’entreprise aux salarié·es est particulièrement significatif : dans ce cas de figure, le taux de pérennité à 5 ans grimpe à 91,5 %. Une solidité qui s’explique par la réunion de plusieurs facteurs, parmi lesquels l’implication accrue des salarié·es, qui stimule la productivité, l’innovation et la fidélisation à long terme. Elle renforce également l’économie locale en maintenant les emplois sur le territoire et en favorisant la participation des salarié·es à la vie économique locale. Possibilité de devenir actionnaire de l’entreprise, participation aux décisions stratégiques, meilleure sécurité d’emploi et partage équitable des bénéfices générés : autant d’avantages dont bénéficient les salarié·es eux-mêmes. « En s’engageant dans la gouvernance de leur entreprise, les salarié·es comprennent les problématiques et enjeux de la direction d’entreprise. Les décisions sont mieux partagées et mieux comprises notamment en cas d’arbitrage, par exemple entre nombre de salarié·es et niveau de rémunération. Il y a du dépassement de fonction et d’engagement à tout niveau de l’entreprise, ce qui fait le supplément d’âme et de réussite », illustre Pierrick De Ronne, gérant de la Scop Bionacelle (07), créée en 2002 et transmise à ses salarié·es en 2014, et composée de 4 magasins Biocoop.
L’expertise de l’Union régionale des Scop et Scic, via la société de capital investissement Transméa, garante d’une transmission réussie
Quant au cédant, c’est pour lui l’opportunité d’assurer une véritable continuité et de passer le relais à des personnes dont il connaît les qualités personnelles et l’expertise. Ses ancien·nes collaborateur·rices, qu’il a parfois lui-même formé·es, pourront poursuivre son œuvre. À condition, bien sûr, que le ou la cédant·e ait fait monter en compétence et en autonomie son équipe, et qu’il ou elle ne choisisse pas la cession à ses salarié·es par défaut. Évaluation et structuration financières de l’entreprise, mise en œuvre progressive du transfert de propriété, identification des futures personnes ressources… autant d’étapes clés qu’il convient de sécuriser par une planification minutieuse et un soutien compétent. C’est là qu’intervient l’expertise des équipes de l’Union régionale des Scop et Scic, dont l’accompagnement garantit la réussite de la transmission dans la durée. Des outils financiers spécifiques peuvent être par exemple mobilisés pour réaliser un effet levier auprès des banques, et ainsi permettre aux salarié·es de rassembler le capital nécessaire à la reprise. « Grâce à l’accompagnement de l’Urscop et à la possibilité de mobiliser des outils financiers propres au Mouvement coopératif, comme Transméa, nous avons réalisé que le rachat de notre entreprise était à notre portée et entouré de partenaires financiers variés et rassurants. Pour permettre au plus grand nombre de salarié·es de prendre part au rachat, nous avons fixé un ticket d’entrée équivalent à un mois de salaire avec possibilité de contracter un prêt d’honneur à taux zéro auprès de France Active. Nous avons ainsi pu réunir facilement et rapidement les 30 % d’apport », indique David Ajasse, directeur général d’Alteriade (69), une agence de conseil spécialisée en collecte de fonds et communication au service des associations et fondations, créée en 2005 et transmise en Scop en 2019.
Un pari gagnant dans la durée
Cet accompagnement se poursuit au-delà de la cession. Il est en effet capital d’accompagner et de former les nouvelles et nouveaux gérant·es et salarié·es-associé·es, afin qu’ils et elles endossent leur nouveau rôle dans les meilleures conditions possibles : gestion d’entreprise, management, culture participative, principes d’une gouvernance démocratique… Pour cela, un accompagnement dans la durée est mis en place. Une vigilance toute particulière est apportée à la formation des salarié·es nouvellement associé·es, à travers des sessions spécifiques qui abordent autant les questions financières que statutaires ou de gouvernance. Un dispositif qui permet d’ancrer de nouvelles pratiques et de nouvelles règles de fonctionnement en collectif, gages de pérennité. « Au quotidien, on a plus d’implication les uns et les autres. En tant qu’associés, ça nous apporte un nouvel élan, de nouveaux discours, de nouveaux échanges entre nous, par rapport aux choix qu’on fait. J’ai 58 ans, et pour moi c’est un nouveau métier. J’ai été le premier salarié de l’entreprise au démarrage en 1993 : j’ai commencé comme monteur poseur et puis je suis passé responsable des travaux et chargé des achats dans l’entreprise jusqu’à la reprise. Alors être en co-gérance, ne pas être seul à la tête de la boîte, et savoir qu’on peut compter sur le soutien de l’Urscop, ça aide aussi », témoigne Claude Hernandez, co-gérant de Varennes, Scop spécialisée dans la pompe à chaleur air-eau et air-air, dans l’Allier.


