Equip’Agri, mise sur pieds après une fugue

Dédiée à la vente et la réparation de matériel agricole, l’Iséroise Equip’Agri a été montée par une poignée de salariés après l’abandon de l’entreprise par son patron. Motivés par une clientèle confiante, ils ont monté leur Scop. Depuis 2006, les chiffres grimpent.

Le gérant de cette société de matériel agricole iséroise serait parti avec la caisse, en 2005. Laissant tout derrière lui : une douzaine de salaries, des bâtiments, le materiel. « Nous nous sommes retrouves sans dépôt de bilan, sans paie, sans bâtiment accessible », relate Beatrice Marin, comptable et actuelle co-gerante de la Scop Equip’Agri qui a relancé l’activité.

Apres six mois de procédures, le bilan est déposé par le Tribunal de Commerce. Et quatre des salariés – aux profils variés – refusent de laisser l’activité s’évaporer. Ils pensent Scop et s’associent en avril 2006, intégrant au projet, à Beaulieu en Isère, un coopérateur extérieur, entrepreneur du même domaine. Il sera leur profil commercial, leur béquille. Apportant des conseils, il les héberge un temps dans ses locaux.

« C’est lui qui avait entendu parler des Scop. Ce modèle correspondait à notre optique collaborative de partage des responsabilités Cela ne demandait pas trop de financement au départ »,partage la co-gérante

« Nous connaissions le potentiel du secteur »

Ce qui a donné confiance aux cinq associes pour relancer la machine ? « Nous avions quinze ans d’expérience dans la profession, nous connaissions le potentiel du secteur et les erreurs à ne pas faire Nos clients ont beaucoup apprécié que d’anciens salariés montent leur entreprise. Ils avaient une forte confiance en nous, sur l’expertise technique de l’un de nous qui est là depuis 30 ans » répond Beatrice Marin, évoquant une clientèle essentiellement locale.

Pari gagné : le chiffre d’affaires grimpe de 800 000 euros en 2006, à 4,7 millions d’euros pour 2013, avec 100 000 euros de bénéfices. Le nombre de salariés est passé de 6 à 18. Et au bout de cinq ans, la participation – jusqu’à 5000 euros par associé – représente une réelle motivation.

« Les jeunes associés n’ont pas traverse la même chose que nous »

Mais tout n’a pas été simple pour en arriver là « les banques nous voyaient mal démarrer en reprenant une entreprise qui avait déposé le bilan. Etre en Scop a été un levier nous avons eu des financements spécifiques – des aides remboursables de la part de la Région France Active, etc » confie la co-gérante. Les associés de départ n’avaient pas non plus le profil d’entrepreneurs.

L’arrivée de trois nouveaux associés, « des jeunes », a aussi bousculé I’équipe décisionnaire : « Avec l’équipe de départ, nous avions vécu la même misère Ce que n’ont pas traversé les jeunes associés De fait, ils n’ont pas la même implication. Par contre, ils ont vu la nécessité d’ouvrir une succursale pour se développer, il y a trois ans, à la Côte-Saint-André, alors que nous les anciens, étions plus prudents. Finalement, nous avons bien fait, elle fonctionne très bien », admet Beatrice Marin.

« Assurer la gérance représente beaucoup de responsabilités. Heureusement que nous sommes deux et que les décisions sont prises en collectif », confie-t-elle. Pas question, en revanche, de grossir davantage et de dépasser le seuil des vingt salariés. Une manière d’éviter, pour cette gérante qui a dû s’improviser entrepreneuse un lot de règlementations supplémentaires.

Adeline Charvet

Article réalisé en partenariat avec la revue Acteurs de l’économie