Ceralep repêchée par ses salariés

Les salariés de Ceram/Ceralep, spécialisé dans les isolateurs en céramique pour la haute et la très haute tension, ont senti le virage qu’entamait leur entreprise en 2001. A cette époque, le fonds de pension américain PPCI rachète le groupe, l’année de ses 80 ans. Trois ans plus tard, il décide de fermer le site de production de Saint-Vallier (Drôme), qui emploie une centaine de salariés. Une dizaine d’entre eux, Robert Nicaise en proue, refusent ce sort et tentent de créer une société coopérative de production (Scop) pour reprendre l’activité.

La population et les élus locaux répondent à un appel aux dons, à hauteur de 40 000 euros. La coopérative est lancée : chacun des 52 sociétaires-salariés injecte entre 300 et 3 000 euros. Capital de départ : 100 000 euros. L’actionnaire principal a abandonné son site, soit 20 000 m2 couverts. La communauté de commune des Deux-Rives l’acquiert et le met à disposition de la Scop qui le rachètera en 2008 pour 150 000 euros.

“La difficulté était de regagner la confiance des clients”, résume Pascal Coste-Chareyre, dirigeant élu en 2009. Des clients tels que RTE, Alstom, Areva ou ADD face auxquels la jeune Scop a l’avantage de son passé. “Ils ont pris un risque. Mais ils connaissaient le site, la qualité du produit, la capacité de production”, analyse le dirigeant. Face aux fournisseurs qui réclament un règlement à la livraison, les stocks assurent la trésorerie. La Région injecte 40 000 euros. Le pari tient : après dix-huit mois d’activité, le premier exercice, fin 2005, est à l’équilibre (CA : 4 millions d’euros). Six ans plus tard, le CA atteint 6,4 millions d’euros. Avec un bénéfice de 80 000 euros.

PRÉSERVER L’EMPLOI

Ceralep SN compte aujourd’hui 58 salariés- sociétaires. Côté RH ? “Nous arrivons à un taux de remplissage limite. Si nous travaillons de nuit ou le week-end, nous ne serons peut-être plus compétitifs… à moins de trouver un nouveau créneau. Nous aimerions nous diversifier, nous tentons de nous positionner sur les marchés de niche, sur des petites séries et nous répondons à toute demande”, confie Pascal Coste-Chareyre. La concurrence vient des pays de l’Est de l’Europe, mais le dirigeant reste optimiste : “Nous sommes sur un cycle de fabrication très long. La réactivité nous différencie”. L’homologation accordée aux produits de Ceralep Sn laisse encore à l’écart les pays émergents. La découverte de nouveaux composites change aussi la donne.

« La raison d’être de ce site est de préserver l’emploi, insiste le dirigeant. Car les bénéfices – près de 100 000 euros pour 2011 – et le mode de gestion restent bel et bien à échelle humaine ».

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Adeline Charvet

Article réalisé en partenariat avec la revue Acteurs de l’économie